Comment le surmenage et l’épuisement chronique ont eu raison de moi?

Il y a un peu plus d’un an, j’ai « assisté » à une dégringolade fulgurante de ma vie. Une perte de poids brutale accompagnée d’un manque d’appétit, d’insomnies continuelles ainsi que d’une baisse persistante de ma tension artérielle. Mon cerveau s’était mis à réfléchir malgré moi de manière effrénée. Je n’avais aucune possibilité d’y mettre un terme. À force de trop réfléchir, rien n’était plus clair. Le tout couronné par une récente paralysie faciale. Des troubles psychosomatiques qui s’en sont enchaînés l’un après l’autre. Je me pensais pourtant jusque-là forte, courageuse et surtout capable d’organiser mes pensées et d’y mettre de l’ordre. Je me pensais rationnelle et apte à gérer mes émotions de manière consciente. Mais, tout cela n’était qu’un monde illusoire que je m’étais construit depuis des années pour surmonter toutes les injustices auxquelles toute personne doit faire face et toutes les peines auxquelles on ne trouve aucune explication. Un monde qui s’était écroulé à force d’entasser machinalement des événements les uns sur les autres de manière trop rationnelle en obéissant à des règles établies et sans trop prêter attention aux émotions qui s’y découlent. Il a suffi d’un élément déclencheur très puissant pour me replonger dans un décor lointain et qui m’a forcé d’aller à la rencontre de mon être et de mon corps desquels je me suis dissociée depuis très longtemps. Une rencontre plutôt spectaculaire puisque les dégâts occasionnés par cette collision inattendue n’étaient pas sans conséquence.

Quand j’étais jeune, j’étais très émotive, très sensible aux événements dont j’étais témoin et aux réactions et aux comportements des personnes qui m’entouraient. Diagnostiquée comme étant peu réfléchie, naïve, réactionnelle et même conne par mon entourage, j’ai pris l’habitude de méfforcer à développer de manière inconsciente mon intelligence émotionnelle qui est la capacité d’avoir un regard extérieur émotionnel et rationnel équilibré. Je me suis tellement mise à l’œuvre de manière acharnée que j’ai balancé dans l’autre extrême. Désormais, tout devait se concevoir de manière rationnelle. Les émotions n’étaient que la voix de l’ego auxquelles on ne devait surtout pas prêter attention. Elles étaient la voix du démon intérieur qui n’avait pour but que notre déséquilibre et notre débauche. Il fallait y faire face et y résister pour prouver sa force et pour s’adapter à une société ayant établi des règles peu flexibles. J’ai donc bien joué mon rôle dans cette comédie sociale qui était le modèle exemplaire à suivre prôné par nos dirigeants et soutenu par les hommes religieux dont le seul but est de mater cette masse pour mieux être asservi. J’ai toujours eu d’excellentes notes à l’école. Je ne me suis jamais permise le droit à la paresse. J’ai fait la fierté de mes parents. J’ai toujours été admirée par mes proches. Je n’ai jamais prononcé un mot « vulgaire » de ma vie. Je n’ai jamais décliné une demande d’aide d’une personne. Mon couple était exemplaire aux yeux des autres. Personne ne savait ce que je subissais. Je n’étais même pas consciente que ce n’était pas convenable. Mon mari a changé de pays de résidence contre mon gré pendant des années et je continuais à élever nos trois enfants toute seule sans soutien financier ni soutien moral en attendant qu’il se décide un jour d’écouter mes prières et de nous revenir. Voyant ma détresse que je refusais moi-même de voir, beaucoup de personnes m’ont conseillé de m’en séparer et de tout recommencer, mais je m’y plaisais dans mes peines et mes douleurs de peur de perdre ma réputation de femme forte et courageuse. J’étouffais toutes mes émotions et j’essayais d’exprimer mes besoins et mon désarroi de manière rationnelle en ayant recours à des personnes que je considérais plus sages et en invoquant des textes sacrés ou législatifs comme s’il s’agissait d’une préparation d’un exposé ou d’un discours argumentatif visant à sensibiliser certaines personnes à une certaine réalité ou à les convaincre à adopter un certain courant de pensée. Les seules rares fois où je me permettais d’exprimer ma colère s’en sont suivies par des épisodes de culpabilité insoutenable. Finalement, mon mari a fini par revenir après une menace de divorce à laquelle j’ai fini par passer à l’action en raison d’encouragements de beaucoup de personnes ayant été témoins de ma détresse. Son retour n’a fait qu’accentuer mon état déjà dépressif. Je sentais que j’avais raté quelque chose d’important dans ma vie, mais je n’arrivais pas à y toucher du doigt. Je continuais cependant à porte mon sourire en guise de masque imperturbable. Tout mon entourage était enfin soulagé pensant que mon mal était enfin réglé. Mais, personne ne doutait que le mal était plus profond. Mon mal vient de très très loin et ne s’arrêtait pas seulement à ma vie conjugale. Un autre événement qui était selon moi l’élément ultime du déclenchement de la chaîne de troubles psychosomatiques était mes retrouvailles avec la première personne dont je suis tombée amoureuse lorsque j’étais adolescente. Les souvenirs de cette belle histoire platonique, mais riche d’émotions positives m’ont rappelé qui j’étais réellement, ce que j’aimais, quels étaient mes critères et mes choix de vie, quels étaient mes espoirs et mes rêves, comment je me voyais quand j’étais jeune. Constatant ces faits qui m’était soudainement tombés sur la tête, je me suis encore plus enfoncée dans ma dépression. Je me disais qu’il était trop tard pour faire marche arrière et que j’avais échoué d’être moi-même et d’accomplir mes rêves d’enfance. J’avais l’impression d’avoir eu seulement le droit d’assister à ma vie, mais de ne pas l’avoir choisie ni gérée. Ce qui me faisait le plus mal c’était mon incapacité à me souvenir de ce qui m’a poussée à choisir cette voie et que je n’avais presque aucune mémoire des faits importants que j’avais vécus les quelque vingt années précédentes. Aujourd’hui, j’ai compris ce qui s’est réellement passé. J’ai choisi, de manière consciente ou inconsciente, de me déconnecter de mon corps pour ne pas « subir » les émotions qu’il m’envoyait en guise d’informations signalétiques pour me guider dans mes décisions. J’ai fait le choix d’étouffer ces émotions et de les ensevelir, mais elles ont fini par m’exploser à la figure à la moindre brèche. Le fait de les avoir ignorées ne les a pas empêchées de grossir et de se trouver un chemin pour s’exprimer. Elles ont essayé depuis des années de m’avertir et de m’envoyer des signaux à l’aide de mon corps, mais je n’en ai pas tenu compte. Toutes les situations qu’on vit depuis notre naissance créent des émotions qu’on exprime soit de manière visible par un langage verbal ou non verbal ou comportemental (crise de colère, cris, pleurs, excitation, rire, etc.), soit de manière invisible et insidieuse (stress, angoisse, mal aux épaules, mal de dos, palpitations, etc.). Si je ne permets pas à mes émotions de s’exprimer par un canal sain, elles finiront par trouver un chemin pour s’exprimer. S’entraîner à reconnaître ses émotions et à les nommer et à les exprimer verbalement en développant un dictionnaire affectif est la meilleure façon de ne pas subir un surmenage ou un épuisement chronique. Si j’omets de décoder mes émotions de manière consciente, le subconscient le fera inconsciemment malgré moi, ce qui se traduira par l’adoption d’un comportement inconscient visible ou invisible souvent inconvenable et même destructeur. Mon corps me parle et me transmet des informations importantes à l’aide des émotions qu’il me fait ressentir. Quand je suis connectée à mon corps, j’apprends à l’écouter et à tenir compte de mes émotions pour les intégrer de manière consciente à mes pensées pour dicter à mon corps un comportement adéquat. Ainsi, j’incarne mes émotions et je modifie mes pensées et ma perception du monde. C’est un cercle vertueux qui risque de se rompre et de se transformer en cercle vicieux si ma capacité à décoder les signaux envoyés par mon corps n’est pas développée. Et toi, es-tu à l’écoute de ton corps?

10 commentaires sur “Comment le surmenage et l’épuisement chronique ont eu raison de moi?

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  1. Oh wowww douce Yasmine…. Ton écriture, ton intelligence des mots, ta douceur et ta vérité m’impressionnent beaucoup dans ton blog. Wow wow wow. Ton histoire….. Beaucoup de compassion pour toi belle femme. Tu es sur la bonne voie, celle de l’amour et la conscience. Woww très beauuuuu, Magnifique!!!! ❤️

    Chloé

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  2. Bonjour très chère Yasmine
    Quel beau résumé de ta vie woooh!!
    je te reconnais dans tout ce que tu as écrit , tu as traversé ce qu’ aucune femme n’aurait pu supporter .Tu es une femme très très forte , merci d’avoir pu réagir à temps pour toi et tes beaux enfants et de donner ton energie à une belle cause , je te soutien à 100%dans ta démarche. Gros bisous 😘 ma magnifique Yasmine
    Ta sœur de cœur Ouiza

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  3. Bravo Yasmine pour cet article. Tu as un vrai don en écriture. On dit une femme est « tigegdit » elle traverse le toit de la maison et le suppprte et cest la partie la plus importante de la toiture donc de la maison parceque une maison sans toit nest plus une maison.

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    1. Merci Amar pour ce beau commentaire. Cela m’encourage beaucoup et me motive à poursuivre sur ma lancée à faire part de mon expérience et de mes connaissances afin d’aider d’autres personnes à ne pas commettre les mêmes erreurs que moi et à prendre en charge leur bien-être. Merci d’avoir pris le temps de me faire part de ton commentaire.

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  4. Quel texte touchant Yasmine, tellement touchant que j’en ai les larmes aux yeux. Merci de te montrer ainsi dans toute ton authenticité, avec coeur. Ton témoignage est inspirant et a comme impact que je me sens plus proche de toi encore mon amie ! Je t’embrasse !

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    1. Merci Hélène pour tes mots réconfortants et pour avoir exprimé ta sensibilité envers mon vécu. Au plaisir d’échanger avec toi et d’apprendre à mieux te connaître et surtout te reconnaître pour tous les efforts que tu déploies au nom de la relation d’aide 🙂

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